Le nouveau film O.D.F. que je partage avec vous est édité avec Vélosolex (le cyclomoteur de sécurité). Avant même de commencer le visionnage, le fait de regarder un diaporama édité par Vélosolex n’était pas sans me procurer une petite joie. Même si ma génération est plus celle des mobylettes Peugeot 103, le Vélosolex a un petit côté populaire pour celui qui a grandi à la campagne comme la 4L, la 2CV ou la méhari. Donc, c’est avec un certain plaisir que je me suis plongé dans ce film. Le moins que je puisse dire, c’est ce qui reste de mon âme de gosse a été comblée. Non seulement le film était un film « Solex », mais en plus, il est fait avec des voitures miniatures.
Voilà donc la jolie surprise de ce film destiné à la classe et dans lequel l’usage de véhicules miniatures a dû être agréablement perçu par les élèves le découvrant.
Passé ce moment agréablement régressif, ce film est également très intéressant. Il s’agit d’un diaporama tentant une figure de style pédagogique originale pour une technique essentiellement ostensive: produire une rétroaction. Nous avons déjà évoqué un autre film sur la sécurité routière en vantant la volonté de mettre en place des interactions (cliquer ici). Il était conçu pour favoriser la prise de parole du maître en laissant les questions relativement ouvertes, ne proposant pas de correction. Ici, la volonté est clairement de jouer aux questions/réponses comme on peut le voir ci-dessous.
Sur les 52 diapositives du film, il y a 20 questions, immédiatement suivies de la réponse à cette question, c’est-à-dire 40 diapositives consacrées à des questions et à leur rétroaction. Si on ne peut plus parler exclusivement d’interaction parce que l’élève n’a plus besoin du maître pour trouver ou comprendre son erreur, nous ne pouvons pas, non plus parler d’interactivité. En effet, la machine ne répond pas directement à la sollicitation de l’élève. Le projecteur seul ne nécessite aucune réponse ou validation pour passer à la diapositive et l’erreur éventuelle ne bloque pas le passage à l’étape suivante. La réponse n’est pas provoquée (comme dans une machine à QCM), mais seulement invoquée (elle est intériorisée par l’élève). Bien entendu, le maître peut provoquer une réponse sur le brouillon ou l’ardoise, mais la provocation de la réponse n’est pas intrinsèque à la machine.
En revanche, l’immédiateté de la réponse est un élément intéressant et si la machine n’est pas interactive, on peut quand même considérer que ce diaporama est un dispositif à rétroaction. Les rétroactions proposées sont de la forme « Elaborated Feedbacks ». L’existence de rétroactions élaborées et leur immédiateté ont un effet sur les apprentissages généralement importants (Van der Kleij et al., 2015) .
Bref, ce film est intéressant de par sa volonté de susciter une réponse, mais surtout d’en proposer une réponse rapide. Évidemment, la proximité avec les modalités d’examen du Code de la route peut laisser croire que le diaporama Vélosolex n’est pas aussi original que cela, à ceci près : le diaporama de type code de la route est basé sur un questionnaire à choix multiple et à réponse provoquée. Ici nous avons des réponses invoquées, sans « aide » ou « induction » possible du QCM. Cela me parait changer tout sur la nature de ce qui est attendu de l’élève et des apprentissages qui en découlent.
Bien entendu, vous avez le droit de ne pas être d’accord.
Bibliographie
Van der Kleij, F. M., Feskens, R. C. W., & Eggen, T. J. H. M. (2015). Effects of Feedback in a Computer-Based Learning Environment on Students’ Learning Outcomes : A Meta-Analysis. Review of Educational Research, 85(4), 475‑511. https://doi.org/10.3102/0034654314564881