Une salle de cours des années 60 est configurée avec une soixantaine d'étudiants devant des Autotutor Mark II.

Technologie des techniques éducatives

Les techniques éducatives sont cassées, réparons-les!

Leçons de choses sur l’automobile – Citroën


L’Office de Documentation par le Film (O.D.F.) est un organisme qui a produit de nombreux films éducatifs sponsorisés destinés à être distribués gratuitement aux écoles.

film fixe ODF
Film fixe sur de leçon de choses automobile sur la suspension.

Voici une série de trois films fixes proposés par Citroën autour de l’automobile. Contrairement à d’autres productions sur l’automobile produite par l’O.D.F., celle-ci est clairement destinée à attirer l’attention des enfants comme l’indique un graphisme proche de la bande dessinée ou du dessin animé et un ton résolument décalé.

Le film débute par une réflexion sur la similitude entre une caisse à savon et une automobile en tentant visiblement de mobiliser les représentations de l’enfant pour construire les connaissances.

Il est intéressant de constater que le diaporama s’inscrit dans une volonté de reconstruire l’histoire des avancées techniques des transport et de l’automobile. Les concepts relatifs à la suspensions et ses défauts semblent assez ardus pour un élève de primaire. Toutefois, les questions ne se posent pas longtemps, car la suspension hydropneumatique de Citroën résout toutes ces difficultés .

Le second film de la série comporte deux volets, une première partie sur les freins et une seconde sur la carrosserie.

Cette partie sur les freins alterne les grands principe du freinage, tout en rappelant que Citroën a su être précurseur dans le domaine aux travers de quelques modèles de la marque.

La seconde partie du film revient également sur l’ancrage historique pour mieux arriver à justifier du modernisme de la DS et de l’ID.

Ces films éducatifs ET promotionnels peuvent paraitre surprenants aujourd’hui. Le message est effectivement assez confus entre les connaissances relevant de la leçon de choses et les visées autopromotionnelles de Citroën. Nous verrons plus tard que tous les films ne sont pas conçus sur ce modèle.

Au delà de cet aspect surprenant mais également prévisible, ce film présente quelques points de réflexion pour analyser certains diaporamas actuels, voire certaines autres techniques d’ostension comme les films.

Le graphisme réalisé par un professionnel est d’une excellente qualité et l’aspect agréable (peut-être irions nous jusqu’à dire « ludique » aujourd’hui). Ceci montre bien la différence qualitative qu’il peut entre les productions industrielles de l’EdTech et l’artisanat enseignant « du quotidien ».

L’idée de partir des représentation des enfants, ou au moins de situations qui font sens pour eux, est également intéressante. Le principe sous-jacent est bien de transformer des représentations plutôt que d’en créer de nouvelles ex-nihilo. Il faut cependant rester prudent pour conclure sur le fait que le but est atteint, et faute d’avoir accès à des élèves de cette époque, nous ne pouvons pas conclure sur la pertinence de ce choix.

L’ancrage historique des techniques mérite également notre attention, mais, cette fois-ci surtout pour porter un regard en creux sur les évolutions actuelles. Notre culture de l’innovation perpétuelle nous a fait oublier cette « généalogie » des techniques, alors qu’elle était enseignée à cette époque comme nous le verrons dans les films suivants. L’inscription de l’automobile dans la tradition des leçon de choses est donc un pari qui doit être pris au sérieux. Les automobiles ou leurs éléments fonctionnels comme objets d’étude accessibles montre comment nous méprisons aujourd’hui nos objets techniques. Ceux-ci semblent bien loin de mériter autant d’attention puisqu’il sont devenus plus des biens de consommation que des objets. Mais là ou il est facile d’analyser des fonctions constitutives de l’objet technique sur une automobile, il parait difficile d’analyser, un smartphone ou une console puisque leurs organes sont plus ou moins indémontables. Le côté « boite noire » soustrait, en effet, l’analyse de l’objet à l’observateur, surtout l’observateur-élève des classes de primaire.

Bref, ces films sont intéressants à bien des égards et j’en profite pour mettre le lecteur au défi de préparer un diaporama d’aussi bonne qualité pour sa prochaine intervention.

Bien entendu, vous avez le droit de ne pas être d’accord.