Les techniques éducatives sont cassées, réparons-les!
La boite enseignante de Freinet
Histoire de la conception
Après avoir acheté un lot de bandes enseignantes de Freinet. J’ai rapidement eu envie de « vivre » l’expérience de la boite et des molettes pour voir « comment ça faisait ». Or, s’il est assez facile de trouver des bandes, les boites sont plutôt difficiles à trouver. Le plastique bon marché dont elles sont faites les rend également particulièrement fragiles.
Elle est surdimensionnée. Le recours aux matériaux bon marché des années 60 comme le contreplaqué et la tôle se prête sans doute bien à ce genre de « grosse » boite, mais en impression 3D on apprend vite à être économe en matériau.
Vue éclatée de la boite enseignante de Freinet version 1
C’est pour cela que j’ai créé une seconde version de la boite, un peu plus petite.
Vue éclatée de la boite enseignante de Freinet version 2
J’ai pu coller une feuille transparente (feuille de couverture de dossier relié) pour conserver « l’impression de distance » entre le lecteur et le contenu, que l’on avait avec les boites originales.
La boite imprimée (à droite) à côté d’une boite de Freinet « De Luxe » en acier chromé et thermodurcissable
Cette boite n’est pas encore satisfaisante. Elle est fonctionnelle, mais le papier glisse encore un peu dans la fenêtre de visualisation. Les rouleaux sont ajustés serrés après l’impression, afin que les bandes ne se déroulent pas seules dans la boite. Mais, après quelques essais, les piètres propriétés mécaniques du PLA font que l’usure ne permet plus de freiner la bande.
Quelques adaptations de conception sont en cours, mais, aujourd’hui, j’ai envie de me consacrer à la réflexion de Freinet et sa version de la programmation des apprentissages. Ce sera l’objet d’un autre article.
La partie suivante a été ajoutée ultérieurement…
Peut être que le problème réside dans la conception (mais la solution aussi…)
Après avoir acquis récemment une boite enseignante originale, j’ai pu constater le même défaut de déroulement.
Boite enseignante originale
Si l’ajustement est apparemment serré dans la boite originale, l’ajustement reste très artisanal. En effet, en cas de frottement excessif, Freinet précise:
Ils se peut parfois, comme dans toutes les machines neuves, qu’il y ait un peu de frottement.
Dans ce cas, avec un couteau, grattez un tout petit peu les encoches aux endroits marqués en gras sur ce dessin.
Mais grattez très peu, le frottement normal donnera vite de la souplesse au roulement.
(Freinet, 1963)
Inversement, quand l’usure devient trop importante, l’ajustement est tout aussi rudimentaire.
Si vous trouvez qu’il ne force pas assez ; si, lorsqu’il aura beaucoup servi le couvercle s’enlève trop facilement au risque de tomber, il suffit de coller une ou plusieurs épaisseurs de scotch sur la partie qui frotte en a.
(Freinet, 1963)
Il s’avère donc que l’absence de maitrise du frottement est le prix à payer pour la conception économique de cette boite et sa massification potentielle. Afin de limiter les coûts, Freinet envisage de ne pas s’engager dans une surqualité (avant l’heure) inutile. J’utilise la notion de surqualité à dessein. Il s’agit clairement d’un anachronisme, mais la question des machines à enseigner s’accompagne, en particulier dans les années soixante de la question de l’industrialisation de l’éducation (Planque, 1967).
Dans le coffret « De luxe » de L’I.F.E.P. (Institut Français de l’Enseignement Programmé), dont la boite enseignante est présentée plus haut, le choix de la qualité est fait, au détriment de la massification et d’une production abordable.
Ressort-frein dans la boite enseignant de l’I.F.E.P.
Le choix d’un matériau organique dur (s’agit-il d’un thermodurcissable?) permet aussi de revoir la conception et l’ajout de ce ressort et le frottement métal organique, même si ce contact laisse des traces. Le recours aux matériaux plastiques tendres, comme le PLA de l’imprimante 3D, nécessite de considérer que l’usure rapide des points de friction est inévitable. LE ressort permet néanmoins un certain rattrapage de jeu.
Dilemme pour la V3
Donc, la question reste entière, ou bien je poursuis ma conception en considérant que le freinage des rouleaux est une priorité. Ce qui induit une forme de complexification de la boite avec l’ajout d’insert (ressort s, mais aussi matériaux caoutchouteux), ou bien il faut (re)travailler les aspects tribologiques des points de contact. J’ai déjà quelques idées, comme le recours à des joints toriques, d’inserts en filaments TPU.
Mon objectif serait de garder la simplicité de la boite « en beurrier » de Freinet, tout en m’affranchissant de l’usure et du rattrapage au scotch, même si j’ai du respect pour ce genre de réglage avec les moyens du bord de la classe.